11, 2017
 
Saggi    
 
Abstract

Andréa Doré

Vendre le monde:
les préfaces des cosmographies à la Renaissance*



Les cosmographies intitulées Théâtre du Monde, Traité de Géographie, Description de l’univers se sont multipliés en Europe depuis 1540 à la fois en latin et en langues vernaculaires. La connaissance des sphères célestes et celles du monde terrestre, élargie lentement par les découvertes maritimes, se trouvaient parmi les intérêts des hommes et des femmes cultivés de la Renaissance dans le cadre d’une formation qui élargissait les espaces franchis aux gens ordinaires à travers la connaissance des arcanum naturae, les secrets de la nature. Le trio composé par les secrets de la nature, les secrets de Dieu et les secrets de l’empire (arcanum naturae, arcanum Dei et arcanum imperii) représentait des domaines entrelacés dont la subversion pourrait menacer à la fois l’ordre politique et le salut éternel.1 Ces cosmographies différaient des exemplaires du genre produits lors de la période médiévale. Gardiens de l’ordre religieux, ceux-ci s’occupaient de l’unité divine du monde, déterminaient l’emplacement du Paradis terrestre et décrivaient des scènes de l'Ecriture Sainte. Les Miroirs du monde étaient les encyclopédies médiévales qui rassemblaient toutes les connaissances alors disponibles sur la création, comprise comme une manifestation de Dieu. Le savoir cosmographique était ainsi inséré dans des œuvres de compilation et de vulgarisation offrant tout d’abord aux milieux ecclésiastiques, d’où provenait la majorité des textes, et après aux laïcs, «toutes les connaissances sur le monde, et en particulier le savoir “scientifique” à propos des choses de la nature».2 Les auteurs rassemblaient, sélectionnaient, organisaient et véhiculaient le savoir chrétien sur le monde, dont l’astronomie, la géographie, l’anthropologie et la théologie, où l’unité du cosmos était inscrite dans la chronologie biblique – cinq mille ans environ.3 Beyer de Ryke met en évidence l’apparent paradoxe de cette littérature, compte tenu de la suspicion du christianisme primitif à l’égard de la culture païenne – source d’une grande partie du contenu de ces œuvres – ainsi que de toute culture interprétée comme une «vaine poursuite de connaissances sur le monde». On ajoute à cette méfiance la base de la doctrine chrétienne de la chute et de la rédemption, fondée sur le péché du désir de savoir. Pourtant la connaissance cosmographique acquérait aussi sur le plan religieux un jugement positif et une mise en pratique comme en témoignait Cassiodore au XVe siècle. Dans son manuel adressé aux moines de Vivarium, Cassiodore a souligné l’importance de la connaissance géographique associée à des fins pieuses: Que la connaissance de la cosmographie, elle aussi, vous soit exposée, c'est à juste titre que je vous conseille, car vous devez savoir clairement en quelle partie du monde sont situés tous les lieux que vous lisez dans les livres saints.4 Depuis la seconde moitié du XVe siècle, la possibilité de naviguer sur d’autres mers et de trouver d’autres terres habitées a provoqué la réorganisation de la discipline cosmographie, un terme employé en général pour désigner l’étude de l’univers entier, y compris les sphères centrales des quatre éléments (la terre, l’eau, le feu et l’air) et la sphère périphérique des planètes et des étoiles.5 Ou comme l’on trouve sur divers textes : le monde terrestre, «basse machine élémentaire & corruptible»6 et le monde céleste, incorruptible. Les textes cosmographiques ne mettent plus en valeur les lieux saints, le pèlerinage des moines et des fidèles pour gagner le pays tout entier, sans toutefois négliger le rôle du Créateur. La terre, résidence temporaire de l’humanité, partage encore l’attention des cosmographes avec l’espace céleste, la demeure des anges. Cet article présente une étude des cosmographies en tant que genre littéraire qui suit certaines conventions et consolide, par la répétition, certaines conceptions. On accorde une importance majeure aux Lettres au Lecteur et aux préfaces, ces espaces d’écriture où l’auteur expose son objet et s’expose aux lecteurs, à fin de les servir en échange de confiance et de prestige. Deux aspects seront mis en évidence: la valeur que les auteurs attribuent à leurs œuvres grâce aux fonctions de renseigner et d’amuser les lecteurs; et la nature complémentaire qu’ils attachent aux disciplines de l’histoire et de la géographie. Ces deux aspects se développent en topiques aidant à comprendre le sens alors conféré à la connaissance du monde par l'humanisme européen.
La culture des préfaces Les préfaces écrites au cours de la Renaissance entre les XVe et XVIIe siècles peuvent être saisies comme le seuil entre l'auteur et son public. Considérant la place que les préfaces occupent dans le système littéraire, Philippe Desan d’après Gérard Genette considère les préfaces comme une partie du péritexte où se trouvent les éléments liés à l’encadrement et à la présentation du texte (le format, la couverture, la page de titre, le titre, le nom de l’auteur, les dédicaces, les épigraphes, les préfaces et les notes). À la Renaissance, par rapport à «une véritable explosion préfacielle», Desan se demande s’il y aurait des caractéristiques propres au péritexte et se consacre aux préfaces. La question de cet article concerne la spécificité des préfaces de textes cosmographiques et les arguments de Desan peuvent nous aider à y répondre.7 Une réponse possible met l’accent sur le contexte socio-économique de la production des préfaces notamment au XVIe siècle. Parmi les nombreux changements qui ont eu lieu au cours de la Renaissance, motivés par l’invention de l’imprimerie, il se trouve la relation entre l’auteur et ses lecteurs exprimée de façon privilégiée dans les préfaces et les prologues. Ceux-ci tout au long de la période médiévale ont été intégrés aux textes. Le prologue informait souvent l’identité de l'auteur ou du copiste. Citant l’étude de Pierre-Yves Badel, Desan affirme que la principale fonction de ces prologues était de mettre en valeur le narrateur et de démontrer son autorité, liée à un savoir particulier. D’autre part, dans ces textes produits avant l'invention de l'imprimerie, il y a peu d’indications concernant le public. À la Renaissance, la situation est inversée. Ce changement s’explique par le fait que dans les textes médiévaux les auteurs connaissaient bien leur public, puisque la chronique, le rapport ou une copie d’un texte étaient souvent le résultat d’une commande. Encore qu’il soit le résultat de l’initiative de l'auteur lui-même, le travail avait normalement un destinataire spécifique. Par contre, à la Renaissance le public est anonyme, à qui les préfaces s’adressent tout simplement «au lecteur». À l’origine de ces changements se trouveraient non seulement la presse, mais aussi l’épanouissement du livre en tant que marchandise. Ce qui fait que les auteurs de cosmographies se soient dirigés aux lecteurs comme nous le verrons: «Achetez ce livre... ». La préface selon Desan fonctionnerait comme un espace publique, le marché où se trouvent le vendeur (écrivain) et l’acheteur (lecteur) potentiel. Tout comme le marché rassemble les produits et les expose au public, la préface aurait la fonction d'offrir une dégustation du texte et d’y encourager la lecture. Tout en rivalisant l’attention du lecteur / consommateur avec d’autres produits, l’auteur expose dans ce texte initial son angoisse et plaide aux lecteurs anonymes.8 Selon Walter Dunn, «the rise of “modernity” is dramatically reflected in the preface, where the public and private roles of the author intersect and where crucial struggles for authority are fought».9 Non seulement considérées comme des pièces rhétoriques, les préfaces dans la Renaissance ont reçu une grande attention des lecteurs. Le «Princting Act» de 1662, par exemple, a déclaré que «Titles, Epistles, Prefaces, Proems, Preambules, Introductions, Tables, Dedications» devraient être lus par la censure, ainsi que le corps du texte.10 L'auteur considère que les préfaces, ainsi que je me propose de faire dans cet article, constituent un genre qui, à l’époque moderne, a développé une série de topoi reconnaissable et «structural features independent of the content of its “main”text». Ces textes sont bien étudiés dans le «intracontextual world of the prefatory “genre “».11
Utilité et plaisir Utilité et source de plaisir sont deux attributs qui se sont associés à un moment où la connaissance ne devait pas forcément avoir d’effet pratique pour être utile. La connaissance était utile tout simplement parce que source de plaisir. Concernant la production d’un texte, il s’agit de la combinaison utile dulci, l’utilité et le plaisir, précepte Horatien partagé par les écrivains de l'époque tels qu’Erasmus de Rotterdam et Thomas More. Les auteurs de cosmographies ainsi que ceux des éditions de récits de voyage adoptaient alors cette combinaison, répandue par Lucien de Samosata, auteur lu et reconnu parmi les humanistes pour fondre «la frivolité et les choses sérieuses».12 Une des premières et des plus célèbres cosmographies du XVIe siècle, la Cosmographie de Pierre Apian, a eu une dizaine d’éditions entre 1529 et 1584. Ce texte commence par un rondeau à fin de susciter l’intérêt du lecteur.
  Si le monde voullez scavoir pourtraire
Et le circuyt de la terre perlustrer
Che livre achaptez, il les vous declaire
Si le monde voullez scauoir poutraire
Sans aller loing, & grand despend faire.
Chascun achapte vng, sans y doubter,
Si le monde voullez scavoir pourtraire
Et le circuyt de la terre perlustrer.
Qui moins despendz faict, entend bien son affaire.
[...]
Cognoistre voullez mainte place, ville, & citez:
Tout ce, en petit livret, au cler veoir pourrez.
[...].
Voullez de la terre, quon lieux divers cognoisce
Les cours celestes descripre bien notables
Et du hault firmament les signes variables
Si, a petit pris, voullez du grand tresoir jouyr
Ce livre achaptez. Ne scaurez assouyr (affouyr)
Desir, cueur, & yeulx, a mon intente
A lire cest oevure, tant noble, & excellente.13
 
La forme de la poésie, les expressions employées par Apian, la référence à des endroits éloignés et marqués par l’exotisme sont repris par nombreux autres auteurs pendant plus d’un siècle. Ainsi l’on en trouve, par exemple, dans La Sphère des deux mondes de Darinel «pasteur des Amadis», pseudonyme de Gilles Boileau de Bouillon. L’œuvre a été imprimée en 1555 à Anvers. Sur le frontispice, une annonce au lecteur:
  Amys Lecteurs, achetez ce livret,
Si vous aymez Cronicques & Histoires,
Car l’achetant y trouverez au net,
Bien figurez pays & territoires.14
 
De même sur la page de titre de son Cosmographical Glass, en 1559, William Cuningham a inséré quelques vers, entourés par plusieurs auteurs: Ptolémée, Hiparcus, Polybe et Strabon; et des allégories: la géométrie, l'arithmétique, la musique, l'astronomie, Marius, Aratus, Mercurio:
  In this Glasse if you will behold
The starry skie, and earth so wide,
The seas also, with winds so cold,
Yea and the self all these to guide:
What this image means first learn aright,
So shall the gain your work requite.15
 
Au début du XVIIe siècle, Corneille Wytfliet a consacré son livre à Monseigneur Philippe Caverel, responsable de la construction du Collège des Jésuites d’Arras. L’écrivain incitait le lecteur par le moyen d’un sonnet :
  Si tu veux voir quels peuples Antipodes
Habitent l’Inde, habitent le Peru,
Et tous les lieux sous ce pole incognu,
Sans qu’à courir les mers tu t'incommodes:
Il n'est besoin qu'au gré des vents tu rodes
L'onde où Pilote est Colombe venu;
Cy tout se voit escrit par le menu,
Leur teint, leurs moeurs, leurs habits, & leurs modes.
Cy sont depeints leurs rivages, leurs bois.
Fleuves & monts, leurs villes & leurs loix,
Leurs corcelets, leurs arcs & leurs sagettes;
Et cy se voit leur aveugle fureur,
Avant qu'on ayt les tirez de l'erreur
Qui si loingtemps tint leurs ames sujettes.16
 
Pour accéder à toutes ces connaissances, il n’est prévu aucun effort, aucun risque ni même des sommes importantes. Dans leurs bureaux de lecture, dans les salons décorés avec des cartes murales, les hommes et les femmes lettrés, les dilettantes en géographie et les commerçants pourraient confortablement connaître le monde. À ce lecteur bien installé, Viète vend la tranquillité. S’il avait déjà voyagé, le lecteur − à qui Viète s’adresse de façon intime en le tutoyant − trouverait dans son livre : dequoy refraischir ta memoire, & dequoy faire de seconds voyages, qui te cousteront moins d’argent & de peine que les premiers; & quand ton humeur ou tes affaires ne t’auroient pas permis de voir d’autres païs que ton lieu natal, si tu veux apprendre les noms de beaucoup de peuples, de beaucoup de Mers, Fleuves, Montagnes, Isles, Promontoires, Royaumes, Provinces & Citez, tu n’as rien qu'à prendre la peine de lire.17 Chacun dans son style produit des annonces pour vendre son travail et prétend offrir le monde, tout d’abord à qui l'œuvre est dédiée, et ensuite au public en général. François de Grenaille, sieur de Chatonières, aussi l’auteur d’un ouvrage sur l’esprit des jeunes filles et un autre portant sur le général byzantin Bélisaire Flavius, ne se diminue dans aucun de ses choix. Il consacre son Théâtre de l'Univers au roi Louis XIV et à la reine régente Anne d’Autriche pour s’adresser ensuite à ses lecteurs comme «Aux Habitans de tout le Monde». À ceux-ci, il écrit: Ne suis-je pas bien libéral, puisque je vous donne tout le Monde? Ne croyez pourtant pas le tenir tout de ma main. Les meilleurs Autheurs de France, d’Italie, de Flandres & d’Allemagne vous font ce présent aussi bien que moi, & pour montrer combien vous leur estes redevable, je vous declare que je leur suis fort obligé. C’est pour cela que mon stile paroist icy bien diferent de celuy de mês autres ouvrages, pource que je n'y suis pas Autheur, mais interprete, & qu’il est difficile de parler François quand il faut parler toutes langues.18 Seule cette dernière affirmation mérite une analyse pour ce qu’elle suggère à propos du rôle que l’auteur s’est attribué. Il se présente comme «interprète» des informations dispersées dans plusieurs ouvrages sur différentes parties du monde. En interprétant, selon le sens que l’on attache à ce mot, Grenaille leur donne un sens. Cette tâche a été réalisée au cours de la première modernité européenne par des personnes de différentes origines et motivations, des écrivains de genres divers et, dans une certaine mesure, complémentaires. Le contact avec l’Amérique, inconnue du Vieux Continent, ainsi qu’avec des régions extrêmes de l’Asie et de l’Afrique a donné lieu à une pratique scripturaire fondamentale pour l’exercice d’interprétation et de classification de l’Occident chrétien par rapport aux autres parties du globe. Michel de Certeau, lors de l’analyse du parcours − et du récit − du calviniste Jean de Léry à travers les terres du Brésil, associe les significations attribuées par ce dernier aux pratiques indigènes à un effort homogénéisateur que l’histoire écrite par les Européens a donné aux Amérindiens. Connectée à l’histoire (à l’historiographie), la compilation des «Meilleurs Auteurs se développe, selon certain dans la continuité des marques laissées par les procès scripturaires: elle se contente de les ordonner, lorsqu’ils ne composent qu’un seul texte écrit avec des milliers de fragments écrits». Pour l’auteur cependant le rôle d’« interprète» pourrait être associé au travail de l’intermédiaire, comme les interprètes de l'Écriture.19
Source d’informations utiles En plus d’être agréable, le contenu de l’œuvre doit être utile. Ainsi préconisaient les manuels de rhétorique comme la Rhetorica ad Herennium suivis par les humanistes. L’auteur anonyme de ce guide de rhétorique dédié au jeune Galus Herennius présente dans sa préface une logique pour la suite des topiques: le désir de l’auteur de se consacrer à l’oisiveté et à la philosophie au lieu de la vie active d’orateur; la demande et le désir de savoir du lecteur, à qui l'œuvre est consacrée ; enfin l'utilité du sujet traité. L’auteur du texte devrait superposer à son propre mérite celui du sujet à être abordé. Dans ce sens, le sujet mérite d’être développé en raison de son utilité.20 En présentant son utilité, l’auteur offre au lecteur la possibilité d’un gain obtenu par la lecture. Desan indique qu’au-delà du topos de la rhétorique classique, le recours aux notions d’utilité et de profit serait lié à une nouvelle réalité linguistique basée sur un paradigme économique: La langue de la place publique et du marché déborde dans la littérature et entraîne des répercussions idéologiques profondes à une époque qui semble abandonner l’“honnête” au profit de l’“utile”.21
Mais quel genre d'utilité pouvons-nous attendre de la cosmographie? Cette utilité relève de différents ordres: de l’ordre du plaisir, toujours considéré un résultat utile, comme déjà abordé ci-dessus; spirituel, ou bien pour la connaissance de soi, ou bien pour la connaissance de l'œuvre divine; pratique, pour l’expansion et la conservation des royaumes, des empires et des marchés.
Les explications des phénomènes naturels et les descriptions des lieux habités au tour du monde intéressent les individus qui à leur tour ne méprisent pas la connaissance de soi. Le sage trouve dans la science géographique une continuité de sa propre quête de savoir, puisque, comme bien le dit Viète: «Appartient au Sage; après s’estre conneu soy-mesme, il est en quelque façon nécessaire qu’il connoisse encore les lieus de son habitation»22. Chateaunières de Grenaille utilise presque les mêmes mots: «Après la congnoissance de nous mesmes, qui nous est si estroitement recommandee par tous les Oracles de la Sagesse Divine & Humaine, j’estime qu’il n’y en a point de plus necessaire que la cognoissance du Monde».23 Pour François Viète
[...] La Theologie nous apprend que nostre Patrie est le Ciel, auquel nous devons tendre par le chemin de la Vertu: & la Geographie nous enseigne quels sonts les lieux où nous pouvons passeur durant l’exil que nous gardons sur la terre».24
Cuningham aussi le rappelle: «the Race that every man in this his transitory live have to runne» où il n’y a pas de temps pour les regrets et rien ne peut être restauré. La Cité des hommes où nous sommes tous des pèlerins, selon saint Augustin, et la Cité de Dieu exigeaient différentes façons de savoir. Les auteurs évitent le conflit croissant aux XVIe et XVIIe siècles entre les connaissances empiriques et la connaissance classique, traduite et apprivoisée à l’intérieur du christianisme. Comme l’indique Ginzburg, les secrets de la nature et les secrets concernant l’exercice du pouvoir politique sont soigneusement dévoilés à fin d’assurer et d’exalter les secrets de Dieu.25 L’historien Josep Fontana contribue à la compréhension de ce pragmatisme pieux des scientifiques lorsqu’il analyse la conception des historiens de l’époque, tels que Machiavel, Guichiardini et Mariana, «soucieux d’offrir aux mortels une immortalité littéraire et donner des informations utiles à un monde prévu pour durer longtemps».26 La préface de Cuningham dans The cosmographical glasse est exemplaire en ce qui concerne le topos de l’utilité du sujet de l’œuvre. La cosmographie y est présentée comme une science indispensable: If ever there were an art invented for all men’s use, a science set forth that is wisdom itself, or a treasure worthy to be had in estimation: no doubt (loving reader) either cosmography is the name, or else it is not to be found upon the Earth.27 Les cosmographies sont donc utiles pour l’esprit, pour les hommes de foi ou de science et aussi pour la conservation et l’expansion des royaumes et des empires.
Histoire et géographie Le deuxième aspect à prendre en compte dans les préfaces ou les lettres au lecteur est la relation entre l’histoire et la géographie. Les auteurs de cosmographies et d’autres traités de géographie ne dissociaient point les deux disciplines, en soulignant même que l’une était incomplète sans l’autre, alors que seulement les deux ensemble pourraient offrir une connaissance complète et exacte du monde. Dans un large éventail de références, la synthèse d’Abraham Ortelius est devenue d’actualité. Historiae oculus geographie (c’est à dire La géographie est l’œil de l’histoire) a été inclus en épigraphe à la préface de Parergon en 1579, d’abord un supplément à l’atlas Theatrum Orbis Terrarum avec des cartes du Vieux Monde.28 Le Parergon comprenait trois types de cartes qui correspondraient, selon Jean-Marc Besse, à des différents types d’histoire et à des géographies spécifiques. Le premier ensemble représente le monde tel qu’il a été décrit par les anciens, «une histoire profane, c’est-à-dire politique». Une deuxième série caractérisait les lieux et les événements importants du christianisme, en prenant soin de l’espace terrestre de l’Ancien et du Nouveau testaments. Enfin un troisième ensemble où l’on trouve des références à une histoire appelée par Besse «poétique ou mythologique». Il renvoi à Ulysse, Énée, Jason et les Argonautes et le périple d’Hannon.29 Walter Melion observe qu’à travers cette épigraphe Ortelius caractérisait «les cartes comme des seuils que les yeux croisent à fin de s’engager dans l’histoire sacrée»30 ; et Georges Tolias, compte tenu du livre introduit par ce fragment, considère que l’épigraphe «établit la fonction contemplative de la cartographie».31 Plus ou moins systématiquement, ce fut une tentative de «réappropriation symbolique des héritages politiques, religieux et littéraires de l’Europe ancienne».32 Aux XVIe et XVIIe siècles, la vision acquérait la primauté parmi les sens. Dans le cas des cartes et des descriptions géographiques, il ne s’agissait pas de veder co gl’occhi, comme l’ont écrit tant de voyageurs italiens qui se sont aventurés sur l'océan Indien avant et après l'ouverture de la Route du Cap, mais bien de «mettre devant les yeux» ce que d’autres ont vu et en donner des témoignages fiables. Antonio Gonzales de Salas, auteur d’une nouvelle édition de l’ouvrage de Pomponio Mela en 1644, renvoyait à des images qui impliquent aussi le sens de la vision. Sur l’importance de la géographie pour les écrivains de l’Antiquité, il affirmait que d’autres ont fait de la Géographie et de la Chronologie «los dos ojos de el artificial cuerpo de la Historia». Gonzales de Salas jugeait mieux pourtant les appeler deux Luminares, ou Lumbreras, dont le splendeur éclaire l’Histoire. Et il semble partager les propositions d’Ortelius dans son Parergon concernant le rapport entre l’histoire des Anciens, l’histoire biblique et la poésie. Salas considère qu’entre ces deux yeux la Chronologia serait restreinte aux limites de l’histoire, illustrant ses actions par une succession des temps bien reglée, alors que la géographie transcenderait les frontières et servirait à éclairer d’abord les historiens, ensuite les orateurs et les poètes.33 Ces images ont survécu jusqu’au XIXe siècle. Dans les cartes historiques de l’âge d’or du nationalisme la topique est toujours présente, comme dans le Historical Atlas of the American States, de F. W. Hunt. Sur la page de titre, le bien connu «La chronologie et la géographie sont les deux yeux de l'histoire».34 Ou encore dans l’Atlas géographique, historique, politique et administratif de la France, établi par le géographe du Roi Charles X Adrien-Hubert Brué, de 1828. Dans son introduction, on lit: La géographie doit être une compagne fidèle de l’histoire [...] ; l’histoire a décrit un événement: la géographie fait voir en quelque sorte de lieu qui en fut le théâtre; l’un et l’autre s’aidant mutuellement restent ineffaçablement empreints dans l’esprit du lecteur.35 Pour Ortelius et ses pairs, la géographie était nécessaire pour la compréhension de l’histoire. Giuseppe Rosaccio a publié à partir de 1595, quelques années après la sortie du Parergon, une série d’œuvres cosmographiques avec le même contenu et différents titres: Il mondo e sue parti cioe Europa, Affrica, Asia et America (Firenze, Francesco Tosi, 1595) Mondo elementare, et celeste (Treviso, Evangelista Deuchino, 1604), Teatro del Cielo e della terra (Firenze, Francesco Tosi, 1599) reédité sur le titre Teatro del Mondo e sue parti (Bologna, Costantino Pisarri, 1724). Selon Atkinson, cette pratique était tout à fait habituelle et permettait aux auteurs de corriger et mettre à jour des données, ainsi que de plaire différents protecteurs en consacrant chaque édition à un seigneur de la noblesse. Rosaccio, à fin de définir les termes qui seront utilisés dans son travail, affirme que non seulement la géographie est nécessaire pour l’histoire mais aussi que la compréhension du passé en dépend: detta Geografia è molto necessaria a tutti quelli, che fanno professione dell'historia madre del tempo, senza la quale malamente possono capire quello che leggono.36 La place privilégiée accordée à la géographie est également mise en évidence par Guy Miege. A l’ouverture de A New Cosmography, or Survey of the Whole World, l’auteur offre ses services et affirme que il «teaches Geography both at Home and Abroad, with the Use of Globes and Maps», vu que la géographie serait la science sans laquelle on ne peut pas être «a good Historian, or a Compleat Statesman».37 Ces géographes comprenaient aussi que l’histoire est le maître qui enseigne et dirige les décisions et le comportement humain. Sa mission cependant dépend d’une relation étroite avec la connaissance géographique. Grenaille, dans le style que nous connaissons, estime que l’histoire serait l’étude la plus agréable, et s’il en est ainsi, «ne devons-nous pas davantage estimer celuy qui est comme le Theatre où toutes les histoires se sont passées».38/sup> La conception de l’histoire comme maître de la vie est fondamentale pour la compréhension historique de la Renaissance, telle qu’elle l’a été dans l’Antiquité.39 L’histoire est magistra vitae, donc Cuningham renvoit à Alexandre le Grand, qui a fait ses conquêtes du fait de comprendre l’importance de la science cosmographique et d’avoir toujours sur lui une carte des endroits où il devrait aller; aussi les victoires des Romains seraient plutôt le résultat de ce savoir que de la force et l’honneur.40 Aucun de ces auteurs cités ne s’intitulait proprement un historien, à l'exception de Peter Heylyn. Comme d’habitude, ils ont investi leurs multiples talents humanistes dans des différents domaines qui n’étaient pas strictement délimités à leur tour. Heylyn cependant se présente comme historien et géographe, ainsi qu’Anglais et homme de l’Eglise. L’auteur explique chacun de ces «rôles». En tant qu’Anglais, il était fier des réalisations de son pays et déclarait l’intention de prouver les droits de son peuple sur la France, sur les découvertes et sur le Nouveau Monde disputés par les Néerlandais et les Espagnols. Comme un homme de l’église il ne croyait pas à l’autorité et à la capacité du pape d’évangéliser les nouveaux mondes et critiquait la création des évêchés. En tant que géographe, il assurait avoir été dans son travail punctual and exact, in giving unto every Province its peculiar bounds, in laying out their several Land-marks, tracing the course of most of the principal Rivers, and setting forth the situation and estate of the chiefest Towns; and did once think of beutifying the work with as many Maps as the several States & Kingdoms which are here described. Par des raisons économiques et pour que le livre pût être offert à un prix accessible, il ne comprenait que les cartes de quatre parties du monde. Ce sont-là des contraintes qui renforcent la lecture de Desan lorsqu’il propose considérer le livre comme une marchandise. En tant qu’historien, Heylyn a présenté l’histoire de chaque pays, de ses premiers habitants, l’histoire des royaumes, des chefferies, des états ou des nations.41 En ce qui concerne la relation entre l’histoire et la géographie: This true, Geography without History hath life and motion, but very unstable and at randon; but History without Geography, like a dead carkass, hath, neither life, nor motion at all, or moves at least but flowly on the understanding. Ce que le poète Sir Philip Sidney a écrit à propos des amants Argalus et Parthenia, pourrait-on dire de l’histoire et la géographie: «Her being was in him alone, / And she not being, he was none».42 L’influence du travail d’un autre Anglais qui a énormément servi à Heylyn, était due en grande partie à une combinaison des deux disciplines, les deux façons de voir et de décrire le monde. Les Principall Navigations de Richard Hakluyt, de 1589, présentent selon David Armitage la plus grande contribution de l’auteur à l’historiographie anglaise: promouvoir un changement géographique dans l’écriture de l’histoire. Pour une nation qui jouait un rôle encore marginal dans les découvertes géographiques, les travaux de Hakluyt ont effectué la combinaison de méthodes géographiques et historiques et ont mis en évidence les insuffisances des chroniques, la forme toujours dominante de l’écriture historique en Angleterre.43 La préface de l’une des plus importantes cosmographies de la Renaissance comporte un débat sur les qualités et les fonctions qui régissent les activités des historiens et celles des géographes. Ce débat nourri par l’intense circulation des œuvres et des lettres entre les humanistes, met en évidence les principes épistémologiques de l’histoire et de la géographie ainsi que les sources de légitimité des connaissances qu'ils produisent. En 1540, Sébastian Münster a publié la Geographia Universalis, une édition annotée des travaux de Ptolémée. En outre des cartes du monde antique et moderne et les tables de longitude et de latitude, le travail offrait en annexe un petit texte sur l’utilité et la nécessité de la géographie, les différences par rapport à la cosmographie et des informations sur les régions de l’Europe: la Gaule, la Germanie, l’Italie, la Sicile, la Bohême etc. L’un de ces textes s’intitulait Hispanie ad Galliam comparatio.44 L’humaniste portugais Damião de Góis vivait alors à Louvain et partageait l’amitié et l’échange de lettres avec plusieurs autres auteurs, dont Erasmus de Rotterdam, et il avait déjà rencontré Münster. Les informations concernant l’Espagne insérées par Münster dans sa Geographia et la place défavorable qu’elle occupait par rapport à la Gaule mécontentaient Góis. Il a exprimé sa critique dans une lettre de Décembre 1541 adressée à son ami Pedro Nânio, alors professeur de latin au Busleiden College à Louvain, qui l’a encouragé à employer ses connaissances pour éclairer le lacunes sur l’Espagne et le Portugal du travail de Münster. La principale censure de Góis tombait sur les sources utilisées par Münster, en particulier l’œuvre de Servetus.45 Au début de 1542, sans consulter Góis, Nânio a publié à Louvain un petit livre rassemblant deux ouvrages historiques de l’ami portugais : Pro defensione Hispaniae, une défense de l’Espagne adressée à Hans Jakob Fugger, marchand et aussi un ami de Góis; et Pro Hispanie adversus Munsterum defensio, une démonstration ayant pour but de mettre en évidence les fautes de Münster par rapport à l’Hispanie.46 Góis retrace les rois d’Espagne, les régions et leur principaux produits et dans la dernière partie de la lettre il fait des critiques détaillées aux informations publiées par Münster: Daqui se infere, caríssimo Nânio, a fertilidade de Espanha, que nestes termos Munstero, [...] tão mal descreve para confronto da França. Nisso faz como os juízes suspeitos, obcecados pela inveja, por presentes ou malquerença, costumam fazer. Embora conhecedores da verdade, inclinam-se para a falsidade.
(«Il en résulte, cher Nânio, la fécondité d’Espagne, que, en ces termes Munstero [...] décrit si mal en comparaison avec la France. Il fait ainsi comme les juges suspectés, obsédés par la jalousie, par des cadeaux ou malveillance, font habituellement. Malgré leur connaissance de la vérité, ils se penchent vers le mensonge»).
Damião de Góis conclut que le cosmographe ou quelqu’un d’autre qui voulait décrire les nouvelles mœurs des gens de notre temps devrait visiter les nations comme nous l’avons fait, en écrivant ce qu’il a «vu avec les yeux».47 La réponse de Münster est apparue dans le travail Cosmographia Universalis, publié en latin en 1544 et dont la popularité peut être attestée par les 35 éditions en cinq langues au long de 84 ans. Dans sa préface, il indique que les lettres de «beaucoup d’amants d’histoire» l’ont «exhorté» à écrire le livre ( «Sebastian Munster au Lecteur Salut», [2r]). Car l’histoire seulle est un certain tesmoignage des choses faictes, veu que tout le monde confesse qu’elle est quasi la seulle reigle de la vie des hommes tant en la maison qu’aux champs, tant en paix qu’en guerre: & que sans les lettres il ne seraoit memoire des faitz de noz ancestres. [...] Et pourtant Aristote à tres sagement parlé (comme en toutes autres choses) en ce qu’il a dit, que ceux qui ne scavent les histoires, sont toujours enfantz, & ne doibvent estre receu en aucun office publique.48 Le témoignage de vue que Damião de Góis souhaite trouver dans le travail de Munster est relié à la narration des faits du passé. Ce récit devrait fournir à l’auditeur/lecteur la sensation de «voir» les actions, ainsi que les lieux où elles se sont passées par la maîtrise de l’orateur. La qualité de la description constitue donc une règle habituelle pour l’évaluation de la connaissance géographique ou historique.
Conclusion La première conclusion est que les textes cosmographiques partagent des éléments communs avec d’autres textes de la Renaissance qui peuvent être identifiés dans les préfaces: l’utilité du sujet; le plaisir de la lecture; le besoin de souligner ces aspects pour séduire le lecteur et vendre le produit. Une deuxième conclusion concerne ce qui différencie ces péritextes d’autres écrits à cette même période. Dans le cas d’un ouvrage consacré à la description du ciel et de la terre, les auteurs mettent en évidence la complémentarité de la géographie et de l’histoire. Ceci est spécifique aux textes cosmographiques. Si nous sommes d’accord avec Michel de Certeau lorsqu’il affirme que «les naissances de ‘disciplines’ sont liées à la création de groupes»,49 à travers les préfaces l’on vérifie qu’encore au XVIIe siècle, les auteurs se sentent à l’aise en tant que praticiens de ces deux façons de décrire et d’expliquer le monde. Comme l’a écrit Arnaldo Momigliano, Hérodote pourrait donc être reconnu comme le père de l’histoire et le père de la géographie à la fois. Le premier, en raison de l’usage qu'il a fait de la preuve orale, et le second parce qu’il était «systématique dans la mise en place de ses descriptions géographiques et ethnologiques».50 Le conflit entre les disciplines est un produit du siècle des Lumières. Plusieurs aspects ont contribué à cette dissension. D’une part, étant donné le caractère pédagogique et narratif de l’histoire, elle sera embrassée par la philosophie. La géographie, à son tour, trouvera sa légitimité dans le caractère scientifique, attribué à l’information qu’elle véhicule et à ses méthodes.

A. D.




Note

* Cet article est le résultat d’un projet de recherche financé par l’Edital de Ciências Humanas CNPQ-Capes 2014. torna su
1 Cf. C. Ginzburg, Le haute et le bas, le thème de la connaissance interdite aux XVIème et XVIIème siècles, (19861), in Id., Mythes, emblèmes et traces. Morphologie et histoire, Paris, Flammarion, 1989, 102-104. torna su
2 Voir D. Defert, Collections et nations au XVIe siècle, in M. Duchet (sous la diréction de), L’Amérique de Théodore de Bry. Une collection de voyages protestante du XVIe siècle, Paris, Editions du CNRS, [1987], 50-51. torna su
3 B. Beyer de Ryke, Le miroir du monde: un parcours dans l’encyclopédisme médiéval, in «Revue Belge de Philologie et d’Histoire», 81, (4), 2003, 1243-45. torna su
4 P. Gautier Dalché, De la glose à la contemplation. Place et fonction de la carte dans le manuscrits du haut Moyen Age, in Géographie et culture. La représentation de l'espace du VIe au XIIe siècle, Brookfield, Vermont; Aldershot, Hampshire, Variorum, 1997, 693-94.torna su
5 Voir K. A. Vogel, Cosmography, in The Cambridge History of Science, III, Early Modern Science, Eds. K. Park and L. Daston, Cambridge, 2006, 470. torna su
6 Darinel, La Sphere des deux mondes, Anvers, Chez IE. Richart, 1555, 2. torna su
7 Ph. Desan, Préfaces, prologues et avis au lecteur: strategies préfacielles à la Renaissance, in Fr. Cornilliat, U. Langer, and D. Kelly, eds., What is literature?: France, 1100-1600, Lexington, Ky., French Forum, 1993, 101. torna su
8 Desan, Préfaces, prologues et avis au lecteur cit., 105-8. torna su
9 W. K. Dunn, “To the Gentle Reader”. Prefatory Rhetoric in the Renaissance, PhD. Dissertation, Yale University, 1988, 2-3. torna su
10 Ivi, 3. torna su
11 Ivi, 4. torna su
12 C. Ginzburg, Nulle île n’est une île. Quatre regards sur la littératura anglaise, Paris, Verdier, 2005, 31. torna su
13 La Cosmographie de Pierre Apian, Anvers, Gregoire Bonte, 1544. torna su
14 Darinel, La Sphere des deux mondes cit., Frontispice. torna su
15 W. Cuningham, The Cosmographical glasse […], London, Ioan. Daij, 1559, Frontispice. torna su
16 C. Wytfliet, Histoire universelle des Indes, Orientales et Occidentales, Douay, François Fabri, 1605, 66. torna su
17 Viète, Principes de Cosmographie. Corrigees & augmentées, Paris, Augustin Courbé, 1643, [3r-v]. torna su
18 Chateaunieres de Grenaille, Le Theatre de l'Univers ou l'Abbregé du Monde, Paris, Antoine Robinot, 1646, 1. torna su
19 M. de Certeau, L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1993, 216. torna su
20 Dunn, “To the Gentle Reader” cit., 12-13. torna su
21 L’auteur reprend le chapitre de Montaigne De l’utile et de l’honneste et son propre article De l’utile, de l’honnête et de l’expérience: le cadre idéologique du troisième livre des Essais, in D. Martin (éd.), The order of Montaigne’s Essays, Amherst, MA, Hestia P, 1989, 200-20. Cf. Desan, Préfaces, prologues et avis au lecteur cit., 113. torna su
22 Viète, Principes de Cosmographie cit., Préface, [2r]. torna su
23 Chateaunieres de Grenaille. Le Theatre de l'Univers ou l'Abbregé du Monde. Enrichi des figures des souverains. Dedié au Roy et a la Reine Regente, Paris, Chez Antoine Robinot em sa boutique sur le Pont Neuf, 1646, 1. torna su
24 Viète Principes de Cosmographie cit., Préface, [3r]. torna su
25 Cf. Ginzburg, Le haut et le bas cit., 102-104. torna su
26 J. Fontana, A história dos homens, Bauru, São Paulo, Edusc, 2004, 216. torna su
27 Cuningham, The cosmographical glasse cit, [1]. torna su
28 Voir Theatrum orbis terrarum Abrahami Orteli. Quod ante extremum vitae suae diem, postremum recensuit, novis tabulis et commentarijs auxit atque illustravit. Antwerp, 1598; réédité 1601. torna su
29 J.-M. Besse, Philologie et cartographie au XVIe siècle: la critique de l’histoire dans le Parergon e le Thesaurus geographicus d’Abraham Ortelius, in 3º Simpósio Iberoamericano de História da Cartografia, São Paulo, abril 2010, Universidade de São Paulo, 4-5; et J.-M. Besse. Historiae oculus geographia: cartographie et histoire dans le Parergon d’Ortelius, in «Écrire l’histoire», 4, automne 2009, 137-46. torna su
30 W. S. Melion, Ad ductum itineris et dispositionem mansionum ostendendam: Meditation, Vocation, and Sacred History in Abraham Orteliu’s Parergon, in Place and Culture in Northern Art, monographic number of «The Journal of the Walters Art Gallery», 57, (1999), 50. torna su
31 G. Tolias, Glose, contemplation, et méditation. Histoires éditoriale et fonctions du Parergon d’Abraham Ortelius (1579-1624), in F. Lestringant (éd.), Les me´ditations cosmographiques a` la renaissance, Paris, Presses Universitaires de Paris Sorbonne, 2009, (Cahiers L.V. Saulnier, 26), 176. torna su
32 Besse, Philologie et cartographie au XVIe siècle cit., 5. torna su
33 G. de Salas. Compendio Geographico, I historico de el Orbe Antigvo. I Descripcion de el Sitio de la Tierra, escripta por Pomponio Mela..., Madrid, Diego Diaz de la Carrera, 1644, 3v. torna su
34 Cf. J. Black, Nacionalismo e eurocentrismo nos atlas históricos do século 19, in Id. Mapas e história. Construindo imagens do passado, Bauru, São Paulo, Edusc, 2005 (20001), 135. torna su
35 Cf. ivi, 104. torna su
36 G. Rosaccio, Mondo elementare, et celeste... Trevigi, Presso Evangelista Deuchino, 1604, 6. torna su
37 G. Miege, A New Cosmography, or Survey of the Whole World, London, Printed for Thomas Basset, 1682, 3. torna su
38 Chateaunieres de Grenaille, Le Theatre de l'Univers ou l'Abbregé du Monde cit., 3-4. torna su
39 Cf. J. A. Maravall, Hacia una visión secularizada e inmanente del avance histórico, in Id. Antiguos y Modernos, Madri, Alianza, 1986, 579-611 et R. Koselleck, Historia Magistra Vitae. Sobre a dissolução do topos na história moderna em movimento, in Id. Futuro Passado, Rio de Janeiro, Contraponto/Ed. da PUC, 2006, 41-60. torna su
40 Cuningham, The Cosmographical glasse cit., Préface [1]. torna su
41 P. Heylyn, Cosmographie in Four Books. Containing the Chorographie and Historie of the Whole World, And all the principal Kingdoms, Provinces, Seas, and Isles thereof, London, Printed for Henry Seile, 1657, A2r - A3v. torna su
42 Heylyn, Cosmographie cit., 19. Il s’agit d’une reference à l’Epitaphe inscrit sur le tombeau de deux amants. Sir Philip Sidney (1554-1586) en The Countess of Pembroke’s Arcadia, Book III, a écrit: «His being was in her alone; / And he not being, she was none. / They joy’d one joy, one grief they griev’d, / One love they lov’d, one life they liv’d. / The hand was one, one was the sword / That did his death, her death afford. / As all the rest, so now the stone / That tombs the two is justly one. / Argalus and Parthenia». torna su
43 D. Armitage, The New World and British Historical Thought. From Richard Hakluyt to William Robertson, in K. O. Kupperman (ed.), America in European Consciousness 1493-1750, Chapel Hill & London, University of North Caroline Press, 1995, 56. torna su
44 S. Münster, Geographia, Basle 1540. Claudius Ptolemaeus. With an introduction by R.A. Skelton, Amsterdam, Theatrvm Orbis Terrarvm Ltd., 1966. Édition fac-similaire de Geographia universalis, vetus et nova complectens. Claudii Ptolemaei Alexandrini Enarrationis Libros VIII, Basileae, apud Henricum Petrum, Mense Mario anno M.D.XL. L’ouvrage a eu quelques reéditions: 1544, à Louvain; 1574, à Colonne; 1602, à Colonne; 1579 et 1603 à Frankfurt. torna su
45 E. F. Hirsch, Damião de Góis, 2º ed., Lisboa, Fundação Calouste Gulbenkian, 2002, 161. torna su
46 Lovanii, Excudebat Rutgerus Rescius, 1542. Traduction vers le portugais par Dias de Carvalho: D. De Góis, Opúsculos históricos, Prefácio de Câmara Reys, Porto, Livraria Civilização, [1945]. Sur le rapport entre Damião de Góis et le luteranismo, ainsi que son amitié avec Erasme, voir J. Aubin, Damião de Góis dans une Europe evangélique, in « Humanitas», Coimbra, Instituto de Estudos Clássicos, vols. XXXI-XXXII, 1979-1980, 197-227. torna su
47 Góis, Opúsculos históricos cit., 111-17. torna su
48 S. Münster, La Cosmographie Universelle, contenant la situation de toutes les parties du monde, avec leurs proprietez & appartenances, [Basel], aux despens de Henry Pierre, 1568, 2; 4. Sur le rapport étroit entre l’histoire et la géographie pour les auteurs allemands, appelés par Jean Bodin les «geographistorians», voir M. McLean, Cosmographia of Sebastian Münster. Describing the world in the Reformation, Ashgate Publishing, 2007, 87-97. torna su
49 De Certeau, L’écriture de l’histoire cit., 68. torna su
50 A. Momigliano, The Place of Herodotus in the History of Historiography, in «History», 43, (1958), 1-13, cité par H. B. Johnson, New Geographical Horizons: Concepts, in The First Images of America. The Impact of the New World on the Old. Edited by F. Chiappelli. Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 1976, 616. torna su